Manhattan et une explosion à Sandy Hook

On aperçoit Manhattan au loin

Belle journée ensoleillée, direction Manhattan, nous avons environ 30 miles nautiques à faire en partant de Croton-Ville (soit environ 6 heures de navigation).  Environ 1 heure après le départ, le Capitaine me demande si j’ai fermé l’interrupteur de navigation.  Moi de le regarder avec des points d’interrogations dans les yeux car bien sûr je n’aurais pas fermé l’interrupteur des instruments de navigation puisque justement nous sommes en navigation.

Le Capitaine me demande d’aller voir à l’intérieur du bateau, pour me rendre compte à ce moment que plus rien ne fonctionne dans le panneau électrique, ce que je lui fais part un peu paniquée.  Au moins le gouvernail fonctionne…  Mais c’est à peu près la seule chose qui fonctionne dans le bateau.  Je prends la barre et Marc-André descend voir dans le bateau qu’est-ce qui cause encore un problème.

Après quelques minutes de tergiversations (c’est-à-dire gosser dans le panneau électrique sans aucun résultat), Marc-André ouvre la porte de la chambre dans laquelle se trouve les interrupteurs de batterie et incidemment ce qui amène le courant au panneau électrique.  En plus des interrupteurs de panneau électrique, Fluffy se trouve également dans la chambre.  On essaie toujours de comprendre à ce jour de quelle façon elle a pu fermer les interrupteurs mais croyez-le ou non elle y est arrivée…

Une fois ce petit moment de rush d’adrénaline passée, nous avons fait une super belle navigation et lorsque nous avons pu apercevoir Manhattan au loin, nous avons eu un moment d’émotion et nous nous sommes dit « wow on fait vraiment ça en ce moment et on va arriver par la Hudson à Manhattan avec notre voilier!! ».  Le feeling est vraiment merveilleux et difficile à décrire.

Nous nous approchons tranquillement de New York et soudainement, nous entendons un gros bruit au-dessus de nos têtes.  Quatre jets supersoniques étaient venus nous souhaiter la bienvenue à Manhattan.  C’était vraiment impressionnant.

Nous arrivons à la marina de la 79th Street à Manhattan, ou le plan est de se prendre une boule d’ancrage (mooring) afin de visiter New York pour quelques jours.  Nous débarquons du bateau et allons sur la rue Amsterdam dans le Upper West Side ou est située la marina afin de s’imprégner un peu de l’ambiance de New York et essayer de se trouver un restaurant qui accepte les chiens en terrasse (mais nous ne sommes pas trop optimistes sur ce point).  Nous venons d’arriver à cette boule d’ancrage et nous ne connaissons pas le secteur.  De plus, les courants sont importants à cet endroit et il annonce de forts vents alors nous ne sommes pas confortables de laisser Fluffy toute seule dans le bateau.  C’est un défi que l’on aura tout au long du voyage.

On voit, devinez quoi? Au Crave Fish bar, des huitres à 1$ pour le 5 à 7, en plus de la bouteille de mousseux en spécial à 30$.  En plus ils acceptent les chiens en terrasse!  C’était super bon mais il a commencé à pleuvoir vers 7h, nous étions abrités sous une marquise mais pas Fluffy…Alors on a eu pitié de notre paquet de poil à quatre pattes et nous sommes allés chercher une pizza chez  Made in New York Pizza, qui était très bonne et que nous avons mangé sur le Air Cool.  Pour les navigateurs qui nous lisent et qui pensent faire ce voyage avec leur compagnon à quatre pattes, sachez que dans le Upper West Side, les chiens sont acceptés sur pratiquement toutes les terrasses.

Lorsque nous nous couchons cette nuit-là, on se doute pour l’avoir lu à plusieurs reprises que ce mouillage peut être « rowly » (ou roulant en français).  Vers minuit le vent s’est levé.  Nous entendons ensuite rapidement la vaisselle se promener dans les armoires et tout ce qui n’était pas fixé roule sur le plancher du Air Cool.  Joie.

Petit détail technique pour ceux que ça intéresse, un voilier se positionne toujours nez au vent ce qui occasionne un mouvement de balancier avant-arrière qui n’est pas inconfortable.  Mais lorsque le courant égalise les forts vents contraires à la direction du courant, tu te retrouves de côté dans la vague avec un mouvement de gauche à droite (tsé celui qui occasionne le mal de mer).  Nous devons nous tenir après les comptoirs et les murs si on veut rester debout pour être en mesure d’aller chercher les biscuits soda et les gravols nécessaires à la survie de cette nuit-là.

Le lendemain matin on se réveille…. pas super frais de notre nuit…  Il annonce des vents relativement faibles et de la pluie alors on décide d’aller visiter le Musée d’histoire naturelle de New York que nous voulions voir depuis longtemps (sans Fluffy bien sûr).  Ce musée est vraiment impressionnant et nous avons adoré.  C’est beaucoup d’informations pour la demi-journée que nous avions pour visiter mais c’était très intéressant.  Les squelettes de dinosaures sont particulièrement un incontournable.  Par la suite, puisqu’on a congé de chien, nous décidons d’aller manger des sushis chez Haru dans le Upper West Side. Nous nous couchons ce soir-là et nous dormons comme des bébés.

Le vendredi 4 octobre, nous allons marcher à Central Park avec Fluffy car j’avais tellement hâte de faire cette activité et je harcelais Marc-André avec cela depuis longtemps, ça n’était donc pas optionnel!  C’était là ou jamais, car nous avions convenu de partir le lendemain pour Sandy Hook au New Jersey vu qu’une fenêtre météo se de dessinait pour le mardi suivant afin de faire notre passage en mer de 22h vers Cape May.  Merveilleuse journée d’automne à Manhattan, on en a profité au maximum. 

L’après-midi, nous nous arrêtons sur une terrasse afin de relaxer un peu.  Comme nous étions dans le Upper West Side et que nous étions hors des sentiers touristiques, nous avons pu constater à la sortie des classes que pratiquement tous les enfants en majorité blancs étaient accompagnés de leur nounou.  Les parents, dans le Upper West Side en tout cas, on donc souvent une nounou pour les aider avec leurs enfants, ce qui en fait une réalité bien différente de la nôtre au Québec.  Nous arrêtons ensuite à l’épicerie fine Citarella afin d’acheter des bagels (puisque nous étions à NY j’avais une fixation là-dessus) et des ingrédients afin de faire des pâtes au bateau pour le souper, avec baguette de pain frais en prime et un beau coucher de soleil sur Manhattan. 

Comme il annonçait des forts vents pour cette nuit-là, on était prêts mentalement.  Une chance car on a passé une nuit encore pire que la première.  Mais là, nous étions prêts, tout était fixé dans le bateau et les biscuits soda et les gravols étaient proches de nous.  J’ai même mangé mon fameux bagel le lendemain matin.  Je pense que c’est Fluffy qui a passé la pire nuit haha.

Fluffy en lendemain de veille

Comme nous sommes tannés de nous faire brasser, nous sommes presque contents de partir de Manhattan pour Sandy Hook ce matin-là.  Il y a beaucoup de trafic maritime en ce samedi matin dans la Hudson.  Il y a des barges, des bateaux de croisières, des bateaux et navettes pour touristes, des voiliers et des gros bateaux moteurs… qui nous font tous une belle vague que le Capitaine doit prendre en compte dans sa navigation.  Nous passons devant la Statue de la Liberté mais impossible de trop s’approcher pour aller prendre des photos comme nous voulions le faire car le trafic vis-à-vis la Statue est beaucoup trop intense.  Mais sinon, sortir de Manhattan en voilier était vraiment impressionnant et on va s’en rappeler longtemps.  Quel privilège on a de vivre cela malgré les petites aventures de notre quotidien!

Comme nous nous dirigeons vers Sandy Hook, nous croisons des gros porte-conteneurs, car nous passons tout près des routes de la marine marchande qui vont vers New York.  On aperçoit même Adrien porte conteneur de Maesk qui est un des plus gros paquebot au monde…. Très gros.  Plus on avance vers Sandy Hook, on a comme un petit feeling de navigation en Océan, puisqu’on est tout près de l’Océan Atlantique Nord.  L’eau commence à être assez salée.  Aussi, un sentiment de liberté nous habite.

Après environ 5 heures de navigation, nous mettons l’ancre dans la Baie de Sandy Hook à côté de nos amis Louise et Pierre de Point Final! qui nous ont devancé de quelques jours.

Nos amis Louise et Pierre sur Point final! à l’ancre à Sandy Hook au lever de la lune

Le lendemain matin en nous levant, lorsque nous avons regardé la météo à venir (en voilier, tu regardes la météo au moins 2 fois par jour et une fois par quatre heures dans mon cas), la fenêtre météo du mardi s’était refermée et était inexistante.  À la place, il annonçait du 40-45 nœuds de vent (environ 70-80 km/h) toute la semaine, ce qui pour une première navigation dans l’Océan n’était absolument pas envisageable.  Le tout du à la tempête Mélissa.

Ben oui, c’était ça Mélissa….

Les conditions idéales que nous recherchons sont entre 10-15 nœuds de vents idéalement du nord avec une composante Ouest.  Encore un peu de technique, nous aimerions des vents du Nord pour être au portant c’est-à-dire avoir le vent dans le dos car c’est plus confortable et avec une petite composante ouest car le vent vient de la terre et non de la mer qui est à l’est, ce qui ferait monter la vague.

Le Capitaine n’est pas super content car on ne s’attendait pas à passer toute la semaine à Sandy Hook, mais en bateau, on n’a pas le choix de s’adapter à la météo.  Vu qu’on a du temps devant nous, le Capitaine décide de profiter de ce petit temps mort pour faire du travail sur le Air Cool.

En effet, une tâche pas trop agréable est à faire.  Celle-ci consiste à relier le réservoir septique au passe-coque (valve qui permet le rejet direct à la mer) car beaucoup d’entre vous en seront étonnés mais vider le réservoir septique est permis à plus de 5 miles des cotes et plusieurs endroits dans le sud ne sont pas équipés pour faire la vidange du réservoir septique.  Même les bateaux de croisières font cette opération la nuit lorsque vous dormez. Nous devons donc nous y préparer.

La problématique de cette opération est que le capitaine devait relier le tuyau à connecter SOUS le réservoir septique.  Après une nuit presque blanche du Capitaine à penser à ce qui s’en venait et après une demi-journée afin de rassembler son courage, nous sommes donc aller vidanger le réservoir septique à la marina afin de le vider complètement.  Nous sommes retournés nous ancrer pour faire l’ « Opération ».  Afin de connecter le tuyau, le Capitaine devait tout d’abord enlever le tuyau SOUS le réservoir. 

Tuyau à connecter…

Après 1 heure de combat avec le bouchon qui était très collé, le Capitaine réussit à enlever ledit bouchon mais à l’intérieur se trouvait un autre genre de bouchon dont on vous laisse imaginer la nature et l’explosion arriva….

Shaaflaaaaaaaaaac………….. au minimum environ 10 litres de ce que vous vous imaginez se déverse.  Par chance, le Capitaine avait mis un sac de vidange et une chaudière dessous mais cela n’a malheureusement pas tout à fait suffit et une certaine quantité de vous savez quoi s’est retrouvée dans les cales du bateau. . .Familles et amis qui sont venus nous visiter sur le bateau, le Capitaine a pu constater que vous étiez encore beaucoup plus près de nous que vous ne le pensiez et nous aussi.  Ce que nous avons appris avec cette aventure, c’est que la vidange d’un réservoir septique ne se fait jamais complètement.  Un nettoyage en règle du bateau et des cales a suivi.

À part cette petite aventure, la semaine se déroule tranquillement. Au menu de la semaine: cuisine, lecture, relaxation, Netflix et surtout préparation mentale pour la traversée en mer à venir vers Cape May.

Coucher de soleil sur Sandy Hook

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