L’autocuiseur diabolique

« Il n’y a pas de problème qui résiste indéfiniment à une absence de solution « 

Anonyme

Après une bonne nuit de sommeil à Whitehall, il nous restait encore toutes les autres écluses (11 ) à faire jusqu’à l’Écluse Fédérale de Troy et ensuite se rendre à Catskill pour remâter. Voici ce à quoi ressemble un passage dans une écluse (la #12, gracieuseté de Pierre et Louise du Voilier Point Final! qui ont filmé le chef d’oeuvre… heureusement on n’entend pas la barre de flèche grafigner)-voir texte précédent.

Notre baptême des écluses…

Notre plan pour cette journée était de dormir à Fort Edward au quai municipal, soit après l’écluse #7, donc faire 5 écluses cette journée-là, comme nous ne sommes pas trop pressés par le temps. Belle navigation tranquille et nous avons fait les écluses comme des pros haha.

Une fois arrivés à Fort Edward, nous apercevons le fameux quai municipal. Panique à bord, il est tellement haut et nous ne pouvons trop approcher du mur parce que l’on accrocherait la barre de flèche (ben oui encore elle). Le Capitaine me dit alors: ben on va improviser. Heu attends minute Capitaine, là tu veux qu’on improvise alors le plan c’est qu’on approche du mur mais pas trop pis après on verra… que je me pende ensuite à une échelle qui sera clairement trop loin du bateau pour finalement essayer d’accoster le bateau mais en faisant attention de pas trop coller le devant du bateau à cause de mon amie barre de flèche? Le tout sans tomber dans l’eau, qui a une couleur de plus en plus spéciale. Je ne pense pas Capitaine.

Sauvée par ma bonne étoile, un monsieur que l’on croit être un capitaine d’un autre bateau, nous offre son aide pour accoster ce que je m’empresse d’accepter considérant la situation. Par contre, force était de constater que 1-le monsieur n’était pas super en forme et quand tu accostes un bateau il faut que tu te déplaces vite et 2-le monsieur n’avait clairement jamais accosté de bateau de sa vie. Il nous jasait ça en accostant afin de nous vanter les mérites de sa ville alors que le Capitaine lui donnait des directives (« stop the boat sir, please just stop the boat »-question de ne pas rentrer dans le bateau en avant) en essayant de garder son calme. 1 minute c’est parfois long. Finalement, le monsieur ralentit le bateau assez pour que je puisse agripper une échelle et que je puisse sortir accoster comme il se doit le bateau sans rien endommager. Fiou.

Après avoir repris notre souffle et peut-être bu une petite bière ou trois, nous avons été visiter brièvement Fort Edward. C’est une petite Ville américaine typique mais ou bien des maisons semblent plus ou moins bien entretenues. Jusqu’au nord de New York, nous aurons cette impression à chaque fois en débarquant dans une petite ville, qu’à un certain moment il y a eu beaucoup de richesses le long de la Rivière Hudson, mais que maintenant la vie est beaucoup plus difficile pour ses habitants, le contexte socio-économique n’étant évidemment plus le même.

Le lendemain (23 septembre), direction quai municipal (on aime les quais municipaux parce que c’est gratissss) de Waterford et les écluses 6 à 1. Nous allons arrêter juste avant l’écluse Fédérale de Troy, qui elle n’a pas le même fonctionnement que les autres écluses car il n’y a pas de câbles qui pendent du mur pour s’y accrocher. C’est un autre dossier, on y pensera demain… Car il faut naviguer aujourd’hui et le paysage change de plus en plus. C’est de plus en plus industriel et nous avons un petit défi de navigation de plus vu que les bouées rouge et vertes balisant le chemin changent de côté versus ce qu’on est habitué au Lac Champlain à cause du sens de la remontée qui n’est plus le même. Journée impressionnante qui nous fait commencer à sentir que nous sommes rendus assez loin de chez nous. Attention de ne pas vous diriger dans la chute à l’écluse #5 ou la #1.

Nous sommes arrivés à Waterford vers 16h. Nous avons été accueilli par les très gentils bénévoles du Waterford Visitor Center au quai municipal, ou une dame de 104 ans environ nous a expliqué les restaurants et attractions touristiques du secteur, afin de dynamiser l’économie de la Ville. Nous avons donc décidé de commander de la pizza (excellente et livrée directement au bateau) et de rester à ce quai pour la journée du lendemain afin de se réapprovisionner (les épiceries locales prêtent un panier pour le retour au bateau) et se préparer mentalement pour la dernière écluse.

25 septembre, départ de Waterford en direction de Catskill pour enfin remâter le Air Cool. La journée commence avec la $%?$%?E%?&$*?$%? d’écluse Fédérale. On savait qu’il y avait des tuyaux sur lesquels accrocher les amarres et nous avions notre plan. Je passais l’amarre de M-A sur le tuyau vis-à vis de lui dans l’écluse et ensuite j’allais passer la mienne sur mon tuyau.

Bon plan, sauf que…. en entrant dans l’écluse, les tuyaux sont si éloignés que nous allons juste pouvoir utiliser un tuyau pour les deux amarres. Pense vite ma grande. Finalement, ça a été correct mais si vous passez par cette écluse, vous serez prévenus. Les écluses sont enfin terminées, soulagement pour tout l’équipage.

Lors de la navigation, on passe devant Troy et Albany. Plus on va au sud, plus c’est populeux et industriel. Encore une grosse journée de navigation pour Fluffy, qui pratique son sport favori.

Lorsque nous arrivons à la Marina Riverview à Catskill vers 15h, nous accostons Air Cool au quai et nous prenons entente avec la marina pour remâter pour le lendemain dès 8h. YESSSSSSS!!! Nous nous sommes rendus en vie et sans dommages.

Le lendemain matin, une autre grande journée pour le Air Cool, on remet enfin son mât et il sera un voilier manœuvrable à nouveau. Bye barre de flèche, je ne m’ennuierai pas de toi. Voici un petit vidéo du Air Cool en train de se faire remâter partiellement.

Enfin!!

Par contre, quand tu fais de la voile, on dirait que tout se mérite. Alors tout ne s’est pas passé sans encombres. Juste avant de partir de notre marina au Québec, nous avions fait changer les pataras (fils d’acier qui retiennent le mât situés en arrière du bateau) sous garantie. Excellent service! Par contre, lorsque le mat était en équilibre debout au bout de la grue et que Marc-André et l’équipe de la Marina Riverview a voulu attacher les fils d’acier pour le faire tenir, ben ils étaient trop courts…. Bon…. Après une petite frousse (encore une fois il faut penser vite), le Capitaine s’est dit qu’il allait essayer de tout serrer les autres fils d’acier, des fois que ça aiderait car il manquait quand même quelques pouces. Après beaucoup d’huile de coude, nous avons réussi à attacher les fameux fils d’acier mais de justesse. Quelques ajustements seront nécessaires plus au sud mais c’est vivable pour le moment. Encore une bataille de gagnée. Il n’y a aucune mais bien, aucune journée pareille quand tu fais de la voile et tu n’as jamais de routine. Vous commencez à comprendre pourquoi…

Le lendemain, 28 septembre, on a remis les voiles (une chance qu’il ne ventait pas fort car je serais partie avec la voile du génois pendant son installation haha) et on décide de repartir. Nous avons pris ces photos des supports de mâts de tous les gens qui partent vers le Sud, dont plusieurs québécois. Ceux-ci sont entreposés à la Marina jusqu’à ce que le propriétaire vienne les remettre pour démâter et remonter au Nord avec son voilier. On peut remarquer que les supports du Air Cool sont déjà ensevelis très loin.

Le plan de la journée était de dormir à Shadows Marina, juste au nord de New York. Nous sommes super contents car avec le mât remis, le Air Cool est redevenu un voilier donc on n’a plus peur des grosses vagues des barges qui pourraient faire tomber notre mât et on peut recommencer à faire de la voile

On peut aussi tenter de régler les problèmes avec nos instruments… Car je n’en ai pas encore parlé mais depuis notre départ du Québec soit le 18 septembre, notre pilote automatique et notre compas sont non fonctionnels. Nous avons donc du barrer manuellement (à la bonne vieille façon) depuis quand même 10 jours et notre curseur sur le gps qui est un bateau qui va vers l’avant, pointe toujours vers le côté bâbord (gauche). Ce n’est pas vraiment idéal mais comme c’est l’aventure, on s’est dit que ça allait se régler lors du remâtage.

Pensée magique…. cette journée de navigation, très belle par ailleurs nous prouve bien que le problème n’est pas réglé, mais aussi que le radar est non-fonctionnel lui aussi.

Rien à faire, ça ne fonctionne pas. On se dit que l’on arrêtera à une marina à Croton on Hudson le lendemain, ou il est indiqué qu’ils ont des mécaniciens et autres services de réparation. Mañana.

Nous arrivons à Shadows Marina à Poughkeepsie vers 16h. Très bon accueil et ils ont super restaurant avec des huîtres à 1$ et toutes sortes de tapas de fruits de mer pas chers. On se gâte et en prime nous avons un beau coucher de soleil et une merveilleuse vue du Mid-Hudson Bridge illuminé.

29 septembre, départ pour Croton On Hudson, ou on espère enfin régler nos problèmes. Il y a de la lumière au bout du tunnel, on est confiants de régler ceux-ci et on a hâte de passer quelques jours à Manhattan. Belle navigation, on appelle même la marina vers 11h30 pour leur dire que nous serons là vers 16h et que nos défenses et amarres sont du côté bâbord du bateau. Bien relax, nous sommes rendus des professionnels.

Nous avons vu un château hanté (Fort Bannerman’s), l’académie West Point (plus vieille académie militaire des USA) et ses remparts et nous nous sommes finalement rendus au bout du monde 😂 .

Arrivés tout près de la marina, nous rappelons le responsable des quais pour lui signaler notre arrivée prochaine et que nos choses pour accoster sont à bâbord. Il nous dit qu’il n’y a pas de problème et de le rappeler sur la radio quand nous serons arrivés. Je le rappelle à l’approche de la marina pour lui confirmer que nous entrons et que nous accosterons sur bâbord. On voit un dude en short qui nous fait signe mais l’endroit ou il est nous semble bizarre pour accoster notre voilier. Il faut savoir qu’à ce moment-là il y a beaucoup de courant dans la Hudson et qu’il y a beaucoup de trafic maritime donc on lui fait confiance. Lorsqu’on arrive plus proche de lui je le rappelle à la radio pour lui demander ou on accoste. Là je vois la panique dans ses yeux et il avait l’air égaré. Il change de quai et nous indique un quai super étroit avec un cruiser monté sur un lift hydraulique comme voisin. On n’a plus le choix, il y a du courant, pas d’espace pour manœuvrer et il est sur le quai avec un collègue pour nous accoster. Ce qui devait arriver arriva, une belle scratch sur la peinture du Air Cool sur le pilier de métal du lift hydraulique du voisin. Le dude de la marina avait oublié malgré nos 3 appels que nous allions accoster coté babord. Dah?? Il commence à nous dire qu’il est super désolé que ce n’était pas le bon quai pour nous mais qu’il est en instance de divorce et qu’il oublie tout et que sa vie est pas facile et qu’il va nous faire un rabais sur le quai…. Le Capitaine a un peu pété sa coche avec le dude et lui mentionne que si il veut nous rendre service qu’il nous réfère un technicien ou du moins un de leur mécaniciens pour aider à régler nos problèmes d’instruments, tout en balayant la crotte de canard sur le quai vu que ce n’était pas le bon quai. Bref, on s’est bien rendus compte très rapidement que personne à cet endroit ne pourrait nous aider. Le bout du monde…. ben c’est effectivement là.

Commence alors le « trouble shooting » par nous-même… vu que c’était la fin de semaine en plus. On s’est retapé la lecture du manuel de fonctionnement du gps et même celui de l’installation, les recherches google, vidéos Youtube, forums de voile, etc… afin de trouver comment réparer le problème. Ha oui, on avait du faire changer la VHF aussi, alors elle ne « parlait » pas au gps. On a réussi à faire la configuration de la VHF, on se disait que vu que tout est lié, peut-être que cela guérirait les autres instruments. Malheureusement non. Le lundi, appels à la marina, appels chez Simrad, gossage avec les instruments, Marc re-vérifie toutes les connexions (merci J-F) avec le multimètre, tout semble ok. La journée passe, Marc-André commence à être fort de mauvaise humeur. On ne veut quand même pas rester tout l’hiver à Croton-Ville mais on ne veut pas naviguer dans le trafic de New York avec des instruments qui n’indiquent pas la bonne lecture.

Le lendemain, on continue à « trouble shooter »… en bateau ça va souvent en éliminant des choses. Marc-André finit par parler à Simon le technicien de la marina Gosselin qui lui explique que c’est fort improbable d’avoir 2 problèmes (radar et erreur de compas du pilote automatique) en même temps et de plutôt chercher la source de l’erreur de déviation du compas, ce que nous tentions quand même de faire depuis quelques jours mais avec le radar et la VHF, ça faisait trop en même temps, on s’éparpillait et on devenait fou. En commençant à focuser sur ce problème, il indique à M-A où se trouve le sensor du compas (en-dessous de notre lit, nous ne savions pas).

On commence à chercher et devinez qu’est-ce qui était rangé dans un autre compartiment à l’extérieur du bateau mais à proximité du compas:

Le COUPABLE

Ben oui, l’autocuiseur que nous avions acheté juste avant de partir et qui a été rangé rapidement ou il restait de la place….

Dès que nous avons enlevé l’autocuiseur, le compas est revenu à la normale. Il faut comprendre qu’un compas est très sensible aux champs magnétiques produits par un morceau de métal et qu’un autocuiseur…ben c’est juste ça du métal. On s’est trouvé tellement cons hahaha…. Le radar par contre, a un problème plus sérieux et nous allons devoir aller le faire vérifier chez un expert qui se trouvera sur notre route dès que possible.

Mais là, on veut juste partir de Croton et s’en aller à La Grosse Pomme, ce que nous avons fait dès le lendemain matin!

2 commentaires sur “L’autocuiseur diabolique

  1. Bonjour vous 2 et demi

    Nous ferons le même trajet en 2020, je suis rendu à New York dans votre voyage, je trouve très agréable de vous lire, bonne continuation .
    Ps notre site Facebook est : nous deux , en avez vous un?

    Salutations

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    1. Bonjour! Merci de nous lire et tant mieux si vous appréciez. Pas encore de page Facebook mais sûrement à venir. Vous avez un très beau bateau en passant vous ferez un voyage extraordinaire j’en suis convaincue! Au plaisir. Annie, M-A & Fluffy

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